Chronique morgueuse (mais pas trop) vol.4 - Fountains of Wayne - Traffic and Weather
Fountains of Wayne sort un nouvel album. Wouhouhou !!! Hum… Loin de ma morgue habituelle, je suis un peu obligé de pousser un cri d’enthousiasme… Vous rendez-vous compte ? Fountains of Wayne ! Pour l’instant responsables de 3 albums géniaux, magistraux, formidaux (avec un coup de coeur perso pour Utopia Parkway). Mais mettons plutôt le disque sur la platine laser et appuyons fébrilement, il va s’en dire, sur lecture. Une fois, deux fois, dix fois, vingt fois… Bon allez, c’est bon ! Bien imprégné de la nouvelle substance, je vais pouvoir la juger.
Bilan de la première écoute : il ne faut pas le cacher, la déception est bien là (noooon… pas eux !!! Ils ne m’avaient - presque - jamais déçu !!!). Les raisons de cette déception : pour les 3 premiers albums, dès la première écoute, au moins 2, voire 3, voire 12 chansons retenaient l’attention. Là, jusqu’à la fin du disque, on guette, on observe… peut-être ce Yolanda Hayes, à moins que ce ne soit Fire in the Canyon, ou alors Planet of Weed… ou Seatbacks and Traytables. Mais rien de bien évident. Sans parler des chansons un peu pompières, auxquelles ils nous avaient un peu habitués avec Stacy’s mom et Maureen, ici représentées par Traffic and Weather, au riff de guitare plus lourd que les 4 membres réunis, ou encore, le single Someone to Love, avec le beat quasi-disco et les chœurs de Melissa auf der Maur, imparables… pour les djeuns de moins de 18 ans.
Vingtième écoute : obligé de mettre de l’eau dans mon vin, rapport à l’affection que j’ai pour le groupe, le constat est bien moins tranché qu’au début. S’il est vrai que le single-qui-tue ne semble pas présent (par single-qui-tue, on peut citer à peu près tout le premier album, à peu près tout le deuxième aussi, et au moins Hackensack, Mexican Wine et Valley Winter Song pour le troisième). En revanche, une chose est sûre ! Voici leur album le plus varié ! Gros riffs et chœurs de circonstance sur Someone to love, 92 Subaru ou Traffic and Weather ; ballades sucrées (et au vrai sucre de canne, pas à l’aspartame !) : Michael and Heather, I-95 ; mélange des 2 : This better be good (sans doute la moins bonne chanson de l’album, mélange malheureux Beach Boys-Bee Gees-Batterie qui tâche). Il y a aussi une chanson totalement Ivy-esque (Strapped for Cash), des élans country (Fire in the canyon et Seatbacks and Traytables), une chanson “de barbecue”, je vois pas comment la qualifier autrement (Planet of Weed).
Bref, un album extrêmement varié, voire trop, ce qui peut expliquer la déconvenue initiale. Mais tout l’album est lié par des paroles de qualité (du moins pour ce que j’en capte jusqu’à présent) : la non-rencontre d’un avocat et d’une retoucheuse de photos pour un magazine (Someone to love), les trouvailles d’un fan de tuning (92 Subaru), l’attente des bagages à l’aéroport pour un couple hyper sweet (Michael and Heather). Mais encore une fois, on n’atteint pas le burlesque émouvant des premiers efforts (par exemple, le très drôle “We’re out, the jukebox plays Jumping Jack Flash/She says : “I love Johnny Cash/The Man in Red”/I turn my head and pretend not to hear what she said”, de I’ll do the driving ou l’ultra-dépressif : “Clears up her head with bourbon/Cause beer is so suburban”, de A Fine Day For a Parade).
Dernier liant de l’album, et non des moindres : le chant toujours nickel, appliqué et impliqué de Chris Collingwood, qui alterne, à bon escient, entre le bad guy faussement intimidant sur 92 Subaru par exemple, le average joe sur Yolanda Hayes ou New Routine, et le puceau éternel sur Planet of Weed, avec, ce qu’il faut bien appeler LA note, qui arrive à 2:01 de la chanson, une vire-volte précieuse et typique du groupe (pour la mélodie vocale ultime, se rapporter à Amity Gardens sur Utopia Parkway). En ce sens, plus qu’un chanteur, on a ici véritablement à faire à un interprète.
En conclusion, on a envie de mini-tirer une mini-sonnette de mini-alarme : attention, mes potes ! Ça passe encore (et de manière satisfaisante au final…) pour cette fois, mais on commence à voir des trous dans vos costumes d’orfèvres de la pop, comme aiment à vous qualifier les critiques.